Les Anglo-Normands

Charles Robin:
Entrepreneur ou exploiteur ?

Charles Robin est né sur l’île de Jersey. Située dans la Manche, entre la France et l’Angleterre, cette petite île est surtout connue pour son agriculture, ses banques et ses activités maritimes. Depuis Guillaume le Conquérant (1066), sa population est rattachée politiquement à la couronne britannique. Gagnée au protestantisme, on y parle couramment trois langues: l’anglais, le français ainsi que sa variante régionale, le « jèrriais ».
Né en 1743, Charles Robin passe son enfance dans le port de Saint-Aubin. Son père y possède un magasin général. De cet édifice, le jeune Charles aperçoit des navires, des marchandises et les marins venus des quatre coins de l’Atlantique. Deux de ses oncles sont capitaines de bateaux, tout comme son frère John qui connaît le commerce de la morue à Terre-Neuve.
Son frère aîné, Philippe, reprend les rênes de l’entreprise familiale à la mort de leur père en 1754. Charles choisit de se tourner vers les pêcheries du golfe du Saint-Laurent. Vers 1765, il s’installe d’abord à Arichat (Nouvelle-Écosse), pour ensuite décider d’établir son quartier général ici, à Paspébiac, en 1766.
Il va sans dire que les premières années sont difficiles. La concurrence est forte. Beaucoup d’entrepreneurs anglo-normands souhaitent se lancer dans le commerce de la morue. Pire encore, durant la Guerre d’indépendance américaine, Charles Robin est attaqué par des corsaires. Ses installations sont détruites. Après 1783, il doit complètement rebâtir son entreprise.
MALGRÉ LES REVERS, Charles Robin s’avère particulièrement tenace. C’est un travailleur acharné, rigoureux, prudent. À partir de Paspébiac, il se tient constamment informé de la situation des marchés d’exportation. Il réussit ainsi à s’adapter aux changements politiques en Europe, notamment ceux amenés par la Révolution française.
N’ayant pas d’enfants, Charles Robin lègue son entreprise à ses neveux en 1802. Sa compagnie est devenue un véritable empire commercial, reliant l’ensemble des Amériques à l’Europe. Celui qui fut l’un des hommes les plus influents de l’est du Canada se retire dans son île natale où il décède en 1824.

Dans la mémoire collective, Charles Robin est fréquemment dépeint comme un exploiteur. D’autres le reconnaissent plutôt comme une force vive qui contribué à fonder l’identité canadienne.


David Le Boutillier

Né en 1811 à St-Jean, Jersey, fils de Josué Le Boutillier et Anne Amy.
Il s’installe à Paspébiac en 1827 comme apprentis commis à la Charles Robin and Company.
William Fruing, le chef-commis, lui enseigne la tenue de livres et les pratiques courantes en matière de commerce de la morue salée. En 1838, Le Boutillier se lance dans le commerce de la morue en partenariat avec ses frères Amy et Edward, formant la compagnie Le Boutillier Brothers. David en est le gérant. En plus de Paspébiac, la compagnie a des installations à Gaspé, au Nouveau-Brunswick et au Labrador, et fait commerce avec les Antilles et des ports de la Méditerranée. Il représente le comté de Bonaventure à l’Assemblée législative de la Province du Canada entre 1852 et 1854 comme Réformiste.
Il décède en 1854, apparemment célibataire et probablement à Paspébiac.

Eugene Auguste Albert Bouillon

Né en 1869 Grenville House, Bagot, St-Sauveur, Jersey.
La famille d’Eugène perd son magasin de chaussures dans la faillite de 1886.
Aîné de la famille, il signe un contrat avec la Charles Robin Company alors que le reste de sa famille a juste assez d’argent pour assurer leurs passages vers la Nouvelle-Zélande. Il n’a jamais revu sa famille. Il s’est avéré une présence assez importante sur la côte et devient le gérant général de la Robin, Jones and Whitman Company. Reconnu comme sévère mais équitable, il notait même l’assiduité aux offices du dimanche de la congrégation anglicane et questionnait ses employés sur leur l’absence.
On dit qu’il connaissait le nom de tous les membres de sa communauté de la péninsule.
Il décède en 1959.

Charles Philip Le Maistre

Né le 7 janvier 1895 à Fiquet dans la paroisse de Rozel, Jersey.
Charles et un cousin signent un contrat avec les Frères Le Boutillier avant d’en parler à leurs parents.
Il arrive à Québec en 1909.
Il deviendra le gérant du magasin Robin de Paspébiac de 1944-1952. Il est bien connu pour son grand sens de l’humour et sa chaleur humaine.
Il décède en 1962.